Vivre en ville – Surfaces pavées autour de sa propriété et biodiversité

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Habiter en bordure d’un lac apporte son lot de beautés : le lac lui-même, la végétation et les différents animaux qui colonisent cet écosystème, etc. Cependant, vivre aussi près de l’écosystème d’un lac nécessite de porter une plus grande attention à ses actions quotidiennes qui ont un impact sur l’environnement. Comme il a été mentionné précédemment, la diminution de la consommation d’eau dans l’habitation et de l’emploi de produits chimiques sont des actions qui devraient être prises en exemple par tout citoyen. L’article qui suit se concentra sur deux autres actions à imiter et qui sont fortement interreliées entre elles: limiter les surfaces pavées autour d’une propriété et accroître la végétation indigène.

SURFACES PAVÉES AUTOUR DE LA PROPRIÉTÉ ET BIODIVERSITÉ

Une personne habitant à proximité d’un lac doit limiter les surfaces pavées, par exemple les dalles de béton ou une cour en asphalte. Ces types de surfaces imperméables favorisent le ruissèlement de l’eau directement dans le lac, sans qu’elle puisse être d’abord filtrée grâce à son infiltration dans le sol. Sans purification avant son entrée au lac, l’eau transporte des sédiments, matières en suspension et éléments nutritifs qui favorisent l’eutrophisation.

«L’eutrophisation est un processus de vieillissement des lacs qui se caractérise par une augmentation de la productivité d’un lac, notamment un accroissement des plantes aquatiques et des algues. Le phénomène se passe normalement sur une période de temps plus ou moins longue, mais peut être accélérée par les activités humaines1. L’eutrophisation cause une détérioration de la qualité de l’eau et affecte négativement la faune aquatique entre autres.»

Les surfaces imperméables favorisent aussi le réchauffement des eaux de pluie qui joignent le lac; Plus la température de l’eau du lac est élevée et moins il y a d’oxygène disponible pour la faune aquatique, ce qui déstabilise cet écosystème. D’autant plus, les surfaces pavées accélèrent la vitesse des eaux de pluie puisqu’elles ne sont pas ou peu ralenties par la végétation, et donc accroissent le phénomène d’érosion.

Comment un riverain limite-il les surfaces pavées autour de sa propriété?

Sachant qu’en bordure d’un lac le remplacement de la végétation, en partie ou totalement, par des surfaces pavées a tant d’impacts négatifs sur la délivrance de services par cet écosystème, il va de soi qu’il serait bénéfique de diminuer ces surfaces au bénéfice de végétation. Il est recommandé pour les riverains de laisser leur bande riveraine le plus possible à l’état naturel et de revégétaliser celle-ci avec des espèces indigènes. C’est dernières sont des plantes qui sont parfaitement adaptées aux conditions de la région et poussent sans intervention humaine. Les associations de bassins versants ont généralement des ressources pour guider les gens à faire le choix approprié de végétation indigène. S’il n’y a pas de telle association sur votre territoire, n’hésitez pas à aller rencontrer les spécialistes d’une pépinière qui sauront bien vous recommander!

Pourquoi comme citoyen d’une ville doit-on s’inspirer de ces exemples?

Substituer les surfaces pavées pour de la végétation indigène apporte beaucoup de bénéfices pour un écosystème aquatique et cela est la même chose en ville. Commençons par certains bénéfices des plantes indigènes : nécessitent très peu ou pas d’entretien, n’ont pas besoin de fertilisants ou de pesticides, fournissent abri et nourriture à la faune (insectes, papillons, oiseaux, abeilles, etc.), maintiennent la diversité biologique, etc2. La facilité d’entretien et les avantages écologiques d’avoir une abondance de plantes indigènes sur sa propriété, surpassent largement l’implantation de plantes qui ne le sont pas, qui de plus sont plus ou moins bien adaptées à une région particulière.

Aussi à noter, les surfaces pavées non réfléchissantes emmagasinent l’énergie du soleil, et conséquemment créent une augmentation localisée de la température. En milieu urbain, cette augmentation de température le jour et la nuit est désignée un « îlot de chaleur3 ». Il est facile d’observer une température moins élevée en milieu rural, puisque les surfaces non réfléchissantes sont généralement moindres, ou même dans une forêt où vous pourrez observer que la température de l’air peut diminuer jusqu’à 10°C grâce à l’abondance de végétation4!

Dans une ville, les îlots de chaleur affectent la qualité de l’air puisqu’ils aident à diffuser les polluants et contribuent à la formation du smog3. Cela à des effets directs sur la santé humaine. Également, ces phénomènes accroissent la fréquence, la durée et l’intensité des vagues de chaleur, qui elles affectent plus durement la santé des jeunes enfants, des personnes âgées et des personnes plus sensibles ou ayant des maladies chroniques. La végétation est un allié de taille contre les îlots de chaleur!

Un autre bénéfice à mentionner d’intégrer plus de biodiversité sur sa propriété concerne la réduction des inondations. Avec peu de végétation et beaucoup de surfaces pavées, il y a peu d’endroits pour l’eau où aller lorsqu’elle tombe au sol et cela augmente alors les dommages causés en environnement urbain dont les inondations. Par comparaison, pour un sol qui comporte beaucoup de végétation, l’eau à la chance d’être ralentie et de s’infiltrer dans le sol puis purifiée par les systèmes racinaires des plantes avant de rejoindre les aquifères4, plutôt que de trouver refuge dans des endroits indésirables (habitations, bâtiments, rues, etc.).

Bien qu’il y ait encore plusieurs avantages à décrire en long et en large d’une abondance de biodiversité, l’article va se terminer avec la réduction des sécheresses grâce à cette dernière. En effet, lorsque les plantes ne sont pas en état de dormance, elles pompent l’eau du sol, la transporte au travers de leur système vasculaire jusqu’à leurs feuilles où le phénomène de transpiration a lieu4. La vapeur d’eau générée par les plantes se condense fréquemment pour retomber en précipitation. Selon certains experts4, jusqu’à 50 % des précipitations dans un écosystème sont créées grâce à ce même écosystème et donc grâce à sa végétation qui participe au cycle de l’eau. Sans ou avec peu de végétation, la quantité de précipitation diminue et augmente ainsi la fréquence et la sévérité des sécheresses.

J’espère que ces quelques exemples vous ont convaincu de l’importance de la biodiversité tout autour de nous et qu’ils vous permettront d’en convaincre d’autres de l’accroître!


 

Références

[1] Ministère du Développement Durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques (s.d.). Le Réseau de surveillance volontaire des lacs – Les méthodes.

[2] Environnement Bloc Vert (s.d.). Les plantes indigènes.

[3] Ville de Montréal, Rosemont La Petite-Patrie (s.d.). Lutte aux îlots de chaleur.

[4] Rock Darke & Doug Tallamy. The Living Landscape – Designing for beauty and biodiversity in the home garden (2014), 392 pages.

 

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