La ville du futur : nourricière, régénératrice et évolutive

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Si vous êtes, comme moi, un(e) citoyen(ne) de la ville, alors vous êtes parmi les milliards de gens qui vivent désormais en zone urbaine. Selon les nations unies, 54% des humains y vivent et ce chiffre devrait augmenter à 66% d’ici 2050. C’est donc un des grands enjeux de ce siècle, car la croissance urbaine a un impact non négligeable sur l’environnement et les humains, notamment en ce qui concerne :

  • les déchets et matières résiduelles ;

  • la consommation d’énergie ;

  • la gestion de l’eau potable ;

  • l’imperméabilité et son impact sur la chaleur en ville (Ilot de chaleur) ou sur la problématique des eaux de pluie ;

  • l’accès à la nourriture ;

  • l’accès aux services et à des commerces de qualité (qualité de vie, justice sociale, etc.) ;

  • la sécurité ;

  • l’accessibilité et le transport ;

  • le développement immobilier sur des terres agricoles ou protégées et la déforestation ;

  • la biodiversité et la migration de la faune ;

  • la forte densité et la propagation des maladies ou des épidémies…

Bref, le développement des villes engendre une panoplie de problèmes et doit être au cœur de la solution aux changements climatiques. Comment rendre ces mégapoles plus saines, plus vertes, plus équitables…et simplement plus vivables ?

Quand on s’inspire de la pensée « systémique » ou écosystémique, la ville devient un organe vivant au sein d’un corps. Au lieu d’exister telle une tumeur qui se propage, elle laisse passer les éléments, elle respire, tout est fluide, agréable, tout joue un rôle et tout est à sa place. Au cœur de cette ville on y trouve des bâtiments, comme des cellules du corps humain, ils sont liés l’un à l’autre, ils vivent en symbiose. Dans cet écosystème urbain idéal, les déchets et l’énergie : tout est réutilisé, recyclé, valorisé ; en somme rien ne se perd. Les bâtiments sont autosuffisants en énergie grâce à une mixité de sources allant de l’énergie solaire ou éolienne à la géothermie, ou l’énergie houlomotrice selon les possibilités. La ville devient source de vie. Elle se remplie de jardins potagers, de serres et de vergers irrigués par les eaux de pluie récupérées ou les eaux grises et qui nourrissent ses habitants et accueillent les pollinisateurs, les oiseaux et la petite faune. Les centres urbains sont désormais synonymes de fraicheur et de verdure qui abonde en biodiversité. Plusieurs parties de la ville sont entièrement piétonnes et l’utilisation de la voiture est inutile car tout est accessible en transport en commun, à pied et à vélo. Les seuls véhicules qui déambulent les rues sont les véhicules électriques d’auto-partage ou de livraison. Les quartiers sont remplis d’espaces publics et de lieux de rencontre. Il n’y a pas d’inégalité entre les quartiers : ils sont mixtes d’un point de vue socioéconomique et ethnoculturel et tout le monde a accès à des services de qualité à proximité de chez soi que se soit à pied ou en fauteuil roulant. Les cités dortoirs en banlieue n’ont plus lieu d’être car la vie en ville est abordable, agréable et sécuritaire.

Cette vision idéalisée de la ville du futur n’est peu être pas facile à réaliser mais ce ne sont pas des concepts nouveaux. Ce sont des éléments que plusieurs villes essayent déjà de mettre en place pour contrer les dégâts qu’elles génèrent. Cependant, afin d’être plus responsables dans nos aménagements et nos améliorations des zones urbaines, il faut prendre en compte tous les éléments, voir tous les impacts potentiels et changer notre perspective. L’analyse de cycle de vie ou l’approche du « berceau au tombeau » vise précisément à donner l’heure juste en ce qui concerne l’impact d’un produit ou d’un processus sur l’environnement, l’humain et l’économie tout au long de sa vie. C’est en ayant cette vision globale que nous pouvons améliorer réellement les choses. Ainsi, les projets souhaitant créer de toute pièce des villes dites écologiques dans des conditions de travaille douteuses, ne le sont probablement pas. Il faut se questionner lorsqu’on propose des projets comme Masdar aux Émirats Arabes Unis ou Dongtan en Chine. D’ailleurs Dongtan n’a jamais été réalisée et la construction de Masdar a pris du retard (ouverture 2020 ? 2025 ?). De plus les gestionnaires du projet auraient déjà annoncé qu’elle ne sera pas autosuffisante en énergie tel que prévu (alors qu’elle est au milieu du désert !). Leurs initiateurs semblent juste vouloir gagner le concours de la première ville écologique au monde sans avoir réellement compris les enjeux. Les villes sont déjà là ! Il faut d’abord tenter de les améliorer en réutilisant un maximum des structures et infrastructures existantes, en les densifiant, les rendant plus perméables et les rénovant (voir par exemple concept LEED). Chaque ville est unique car elle doit incorporer les éléments climatiques, géographiques, historiques, socioculturels, etc. qui la caractérise. À quoi ressemblerait votre ville idéale ?

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